Pérou – Bolivie 2005
- Journal de bord de quatre semaines au Pérou et en Bolivie
- Sam. 27/08/2005 : Avion – En route pour le Pérou
- Dim. 28/08/2005 : Lima – Musée de la Nation
- Lun. 29/08/2005 : Lima – Musée de l’Or
- Mar. 30/08/2005 : Lima – Miraflorès
- Mer. 31/08/2005 : Trajet – de Lima à Huacachina
- Jeu. 01/09/2005 : Huacachina – Sandboard
- Ven. 02/09/2005 : Huacachina – Visite des Bodegas
- Sam. 03/09/2005 : Trajet – de Huacachina à Nazca
- Dim. 04/09/2005 : Nazca – Lignes de Nazca
- Lun. 05/09/2005 : Arequipa – Visite de la ville
- Mar. 06/09/2005 : Arequipa – Canyon de Colca 1/2
- Mer. 07/09/2005 : Arequipa – Canyon de Colca 2/2
- Jeu. 08/09/2005 : Trajet – de Arequipa à Cuzco
- Ven. 09/09/2005 : Cuzco – Visite de la ville
- Sam. 10/09/2005 : Cuzco – Aguas Calientes
- Dim. 11/09/2005 : Cuzco – Machu Picchu
- Lun. 12/09/2005 : Cuzco – Larving
- Mar. 13/09/2005 : Trajet – de Cuzco à Puno
- Mer. 14/09/2005 : Puno – Iles du Lac Titicaca 1/2 (Uros, Amantani)
- Jeu. 15/09/2005 : Puno – Iles du Lac Titicaca 2/2 (Taquile)
- Ven. 16/09/2005 : Trajet – de Puno à Copacabana
- Sam. 17/09/2005 : Copacabana – Isla del Sol
- Dim. 18/09/2005 : Trajet – de Copacabana à Uyuni
- Lun. 19/09/2005 : Uyuni – Salar & Sud Lipez 1/3
- Mar. 20/09/2005 : Uyuni – Salar & Sud Lipez 2/3
- Mer. 21/09/2005 : Uyuni – Salar & Sud Lipez 3/3
- Jeu. 22/09/2005 : Trajet – de Uyuni à La Paz
- Ven. 23/09/2005 : La Paz – Opération ‘Sauvons JM’ !
- Sam. 24/09/2005 : Avion – Retour en France
- Volet pratique / civilisation
Petit récit d’un séjour de trois semaines au Pérou et une semaine en Bolivie. Version imprimable disponible ici, au format OpenOffice.org.
Journal de bord de quatre semaines au Pérou et en Bolivie
Sam. 27/08/2005 : Avion – En route pour le Pérou
Réveil à cinq heures et demi après moins de quatre heure de sommeil. Dernières vérifications du sac, fermeture de l’appartement et c’est parti ! Après les classiques péripéties de transport en commun, nous voici au complet pour procéder à l’enregistrement… bons derniers. Contrairement aux vols pour le Japon, Air France a tout prévu, et des sacs plastiques pour protéger les sacs à dos nous sont distribués dans la file d’attente. Nous obtenons alors les quatre dernières places de l’avion, sur la dernière rangée tout au fond. Déception, ce Boeing 747 n’est pas équipé d’écrans individuels. Enfin plus normal, nous partons tout de même avec une bonne heure de retard. Le voyage se passe sans encombre avec un programme télévisuel qui atteint des profondeurs de nullité insoupçonnées…
Arrivés à Caracas, un guide nous attend à la sortie pour nous indiquer le chemin pour le vol TACA qui nous amènera à Lima ; il ne s’agit pas de rater le guide, car le comptoir n’est pas évident à trouver, et l’aéroport ne parle déjà plus qu’espagnol… Il n’est pas nécessaire de passer par l’immigration, et donc les papiers compliqués de la douane vénézuélienne sont inutiles. Ici, l’enregistrement est très artisanal et nous nous retrouvons éparpillés dans l’avion. La climatisation de l’aéroport nous permet d’échapper aux 35°C et à l’humidité ambiante pour attendre l’embarquement. Celui-ci est réalisé via un véhicule assez marrant, sorte de bus sur vérins pour se hisser à la hauteur de la porte d’embarquement et de l’avion. En effet, TACA ne doit pas avoir les faveurs de cet aéroport, car l’avion est garé plus loin sur le tarmac. De plus, l’intérieur de l’avion est assez impressionnant, car la climatisation fume de la vapeur d’eau ! C’est tout à fait normal à Caracas, mais cela fait tout de même un drôle d’effet si l’on n’est pas prévenu… Voyage sans encombre, avec une projection d’un film débile “Tommy Boy”. Arrivés à Lima, nous passons facilement à l’immigration, et retrouvons le taxi à la sortie, envoyé par l’hôtel que nous avions réservé par internet.
Ici, les taxis ne sont pas des Mercedes impeccables ; nous montons dans une vieille Peugeot qui sent l’essence, pour affronter la difficile circulation de la ville. De nuit, c’est absolument surréaliste : les voitures filent vite et très près les unes des autres, klaxonnent, accélèrent aux carrefours pour ne pas laisser la priorité à droite, foncent sur les piétons,… Il roule toutes sortes de poubelles, mais chacune prend bien soin de coller des bandes réfléchissantes pour être mieux vue la nuit. Après dix bruyantes minutes dans cette atmosphère, nous arrivons à l’hôtel. Celui-ci est assez original, avec des couloirs mi-intérieurs mi-extérieurs ; la préservation de la chaleur ne doit pas être un problème ici. Les confortables lits nous arrachent alors délicieusement à cette longue journée de plus de trente heures.
Dim. 28/08/2005 : Lima – Musée de la Nation
Lever tardif pour ce premier jour au Pérou ; le petit déjeuner, servi sur la terrasse ensoleillée de l’hôtel, est très copieux. Un petit déjeuner “continental” est constitué d’une boisson chaude, d’un jus de fruit, de pain, avec une petite coupelle de beurre et de confiture. Pour un “américain”, ajouter un ou deux oeufs sur le plat. Le service ne ménage pas la vaisselle, car tout cela est apporté par personne, dans de nombreux petits récipients. Rien que le café au lait en utilise quatre : la tasse et la soucoupe, un pour le lait, un pour le café concentré, et un thermos collectif pour l’eau chaude… Ce petit déjeuner lumineux nous motive alors pour aller visiter le musée de la nation.
Après un nouveau parcours sportif en taxi pour traverser la ville, nous pouvons entrer dans le musée. Celui-ci est intéressant, et présente par ordre chronologique les différentes cultures pré-incas et incas. L’art tourne beaucoup autour de carafes aux formes très variées. Trois bonnes heures sont nécessaires pour venir à bout des trois niveaux, et nous terminons par une exposition spéciale sur Caral, la plus vieille ville de l’Amérique du Sud. Nous décidons alors de rentrer à pied, pour voir un peu la ville de plus près. Un petit détour dans une grande surface nous apprendra qu’il est interdit de rentrer avec un sac à dos, mais que c’est beaucoup plus drôle d’attendre d’être au milieu du supermarché pour le dire…
Le retour est assez instructif sur la ville : la première observation en arrivant à Lima est sa forte pollution et son atmosphère bruyante ; puis on découvre sa circulation terrifiante. Ici la voiture est reine et il ne fait pas bon être piéton : même sur un passage piéton, on se surprend à courir pour éviter une voiture qui vous fonce dessus en accélérant. La conduite péruvienne est faite d’un subtil mélange de décontraction, de vitesse et d’anarchie. La priorité à droite laisse souvent place à une grande accélération accompagnée d’un coup de klaxon pour signifier “je passe”. Dans l’ensemble, le réseau routier est très bien développé, avec de larges 2×4 voies en relativement bon état et des carrefours monstrueux. Les voitures péruviennes sont souvent des poubelles souvent coréennes ou japonaises au milieu desquelles se noient quelques riches rutilantes, principalement européennes. Le doigt sur le klaxon, les taxis zigzaguent pour optimiser leur temps de trajet. Les taxis représentent d’ailleurs une bonne moitié des véhicules, et les minibus un autre bon quart.
Au milieu ou sur le coté de la route, également acteurs de l’agitation ambiante, beaucoup de petits vendeurs ambulants essaient de vendre tout et n’importe quoi, du rouleau de papier hygiénique au dérailleur de vélo en passant par des bonbons au détail, et les inévitables bouteilles d’eau et de coca-cola.
La ville n’est pas accueillante : quasiment toutes les maisons sont équipées d’une grosse clôture avec des piques et des barbelés ; les plus riches ont un garde personnel et un mirador. Notre hôtel est ainsi gardé 24h/24 par un vigile assurant l’ouverture et la fermeture des doubles grilles avec vitres teintées. On trouve également souvent à un coin de rue un policier, voire à certains endroits un blindé ou une lance à eau. La ville elle-même est moche, grise au milieu d’un mélange de pollution et de brume, bruyante et déserte en même temps. Son centre réserve tout de même de bonnes surprises et des rues commerçantes bondées. A ce titre, il existe très nettement deux sortes de magasins : ceux pour touristes avec des articles “typiquement péruviens”, et ceux pour péruviens avec des articles occidentaux. La mode est d’ailleurs simple : jean / pull pour tout le monde ; plutôt éloignée des classiques espagnols !
Nous terminons alors la soirée par une bonne partie de belote et un peu de théorie sur les mathématiques des comptes communs ! (ou la démonstration que quelques principes intuitifs et simples peuvent se révéler extrêmement compliqués à justifier par les mathématiques)
Lun. 29/08/2005 : Lima – Musée de l’Or
Bien que nous ne nous soyons pas levés aux aurores, le musée de l’Or n’est pas encore ouvert lorsque nous arrivons. Une petite visite du quartier nous aide à patienter jusqu’à 11h30, heure de l’ouverture. Le quartier est agréable, avec un peu de verdure et de nombreux petits magasins, dont un nombre incroyables de laveries.
Le musée est composé de deux parties. Au rez-de-chaussée s’étale un immense musée des armes avec une collection impressionnante et très diverse d’armes et documents de tous types ; cela frise l’entassement : certains objets sont glissés sur des étagères sous les tables d’expositions et le nombre d’éléments par vitrine dépasse souvent la centaine. On ne peut qu’être impressionné par la créativité dans les gravures, l’inventivité dans les techniques et l’énergie mise en oeuvre pour ces engins de guerre. Le sous-sol est moins monotone et contient l’impressionnante collection de “l’Or du Pérou”. Après avoir franchi l’imposante porte blindée, les quinze salles s’offrent alors à nous. Malgré le nom du musée, on ne voit qu’assez peu d’objets en or, mais cependant beaucoup plus que partout ailleurs. Ce musée est tellement vanté par les guides touristiques qu’on en serait presque déçu ; il n’en reste pas moins un très beau musée de 40 000 pièces qui mériterait un peu plus de soin et d’explications dans sa présentation. Autre regret : ne pas pouvoir garder de photos de ces superbes objets…
De retour sur la place d’Armes de Lima, nous déjeunons d’un Cebiche depuis un des nombreux restaurants offrant une superbe vue sur la place du haut de leur premier étage. Une procession est d’ailleurs en train de se préparer à l’occasion de la fête de la Santa Rosa de Lima. Au coeur de la procession est situé le superbe char à bras représentant Santa Rosa de Lima ; il est précédé de chants, de femmes psalmodiant, et de grands prêtres ; il est suivi par la fanfare de l’armée de la ville de Lima, et une procession d’habitants ; le tout est encadré de très près par les CRS locaux armés et casqués, à proximité de quelques blindés et d’une lance à eau. La procession avance à petits pas, au rythme d’un rituel qui nous restera inconnu et des levers et baissers de char sous les applaudissements. L’entrée du char dans l’église marquera la fin de ce que nous pourrons voir de cette procession.
Mar. 30/08/2005 : Lima – Miraflorès
Dernier jour à Lima, et comme aujourd’hui est la fête de la Santa Rosa de Lima, tout est fermé. Nous décidons donc d’aller flâner du côté du quartier côtier de Miraflorès et ainsi d’aller voir l’océan. A force de ne pas comprendre où nous souhaitons aller, le taxi nous dépose très bas sur la côte, à l’extérieur de Lima. L’océan est parfaitement insignifiant, car la brume ternit tout : l’eau, le sable et les falaises. Nous remontons donc à pied en direction de Miraflorès, ce qui fait finalement une bonne trotte dans des rues assez moches : impossible de longer la côte depuis les falaises, car de riches demeures gardées se réservent le privilège de la vue sur l’océan.
Finalement, peu avant Miraflorès se dégage un très beau petit chemin fleuri le long de la falaise : de mémoire, cela sera le seul endroit de Lima qui soit fleuri et non publicitaire ! Miraflorès est un quartier beaucoup plus moderne que le reste de la ville avec de hauts immeubles récents.
Après avoir un peu flâné et déjeuné, nous rentrons à Lima dans l’espoir de pouvoir enfin visiter la cathédrale ; peine perdue, puisqu’elle est toujours fermée. Nous tentons alors notre chance à San Frederico sans plus de succès car le monastère est accaparé par une autre cérémonie à la gloire de Santa Rosa de Lima. Guidés par le flot de la foule, nous déambulons un peu dans les stands de la fête locale, tout en nous dirigeant mollement vers un parc au nord de la ville indiqué par l’office de tourisme. Soudainement, la foule laisse place à des rues désertes, et nous sommes prévenus par des boliviennes que l’endroit est mal famé et qu’il ne faut pas y rester… Nous aurions pourtant dû nous en douter en dépassant un poste de police, qui semble marquer la frontière entre la ville de la foule et la ville des bandits. Nous tentons alors d’aller à l’hôtel Bolivar pour y goûter le meilleur Pisco Sour de la ville d’après les guides, mais quatre musiciens boliviens un peu trop pressant nous font passer l’envie et ressortir du restaurant. Nous ne sommes pas fâchés de la perspective de quitter Lima le lendemain…
Mer. 31/08/2005 : Trajet – de Lima à Huacachina
Arrivés à dix heures au terminal de bus Cruz del Sur, nous avons alors deux choix pour aller à Ica : un car à 12h, avec 6h de trajets pour 25 S. dans un bus inconfortable, ou un autre à 14h qui met 2h de moins dans un bus grand luxe pour 40 S. Nous optons finalement pour l’attente la plus longue… L’embarquement ressemble un peu à celui d’une ligne d’avion : comptoir pour déposer les bagages, avec un coupon de retrait. Les bagages sont ensuite passés au détecteur à métaux, puis emmenés en soute ordonnés suivant la destination. Enfin, les passagers peuvent monter dans le bus, après être passés sous un portique de sécurité, et filmés. S’ensuivent les quatre heures de bus.
A l’arrivée, le terminal de bus est nettement moins sécurisé, et il faut récupérer les bagages au milieu de beaucoup de vendeurs ambulants, taxis, et agences de tourismes. Un des taxis, choisi complètement au pif, nous emmène jusqu’à l’hôtel del Barco à Huacachina, en nous recommandant un autre hôtel tenu par un de ses amis…
L’hôtel del Barco dégage indéniablement une ambiance de surfeurs cools. Nous sommes donc à peine surpris de voir que l’hôtel loue des planches de surf, mais pour le sable. La chambre pour quatre est petite, sans autres fenêtres que des moustiquaires, dont l’efficacité doit être considérablement diminuée par les vides importants entre le mur et les cadres de fenêtres…
Jeu. 01/09/2005 : Huacachina – Sandboard
Pour bien démarrer la journée, nous louons quatre planches de surf pour essayer l’attraction principale du lieu. Reste alors à gravir la dune, ce qui est loin d’être un exercice facile car le sable glisse beaucoup : en montant de 40 centimètres, on glisse de 20 centimètres… Nous arrivons finalement au sommet, desséchés par le sable. Ce n’est qu’une fois en haut des dunes que l’on prend pleine conscience de leur hauteur, et surtout de leur pente ! La pente est très impressionnante, surtout quand on ne sait pas comment le sable glisse, et en s’imaginant glisser sans pouvoir s’arrêter tout en bas vers les rochers au moindre faux pas… En fait, il n’en est rien, et même, ce n’est pas évident de glisser proprement sur le sable : le plus dur est de se mettre debout sans tomber en avant, ensuite, il faut tourner de 90 degrés pour se mettre dans le sens de la pente, et se maintenir en équilibre. Si les habitués dévalent la pente d’une seule traite, dans mon cas cela ressemblera plutôt à une succession de chutes. En fait, on ne glisse pas vraiment sur le sable, mais on provoque une mini avalanche de sable qui emporte la planche, et il est très facile de s’arrêter en se laissant simplement tomber sur le coté ou en arrière.
Après une bonne douche, et avoir vidé chaussures, chaussettes, et poches des quelques kilos de sable accumulés pendant la descente, nous partons visiter le musée d’Ica. Il s’agit de la grande ville à proximité de Huacachina, aussi triste de jour que de nuit, dont le non-intérêt touristique est éclipsé par Huacachina. Le musée d’Ica est à l’image de la ville : moche. Le premier étage comporte quelques tableaux et meubles de l’ère coloniale ; le rez-de-chaussée propose une petite collection peu ragoûtante de momies et crânes trépanés, et en exclusivité, … des présentoirs contenant des copies d’oeuvres volées au musée en 2004 !
Ven. 02/09/2005 : Huacachina – Visite des Bodegas
Le taxi de la veille avait profité du trajet pour nous faire l’article sur un tour des bodegas ; les taxis représentent d’ailleurs une incroyable concurrence aux agences de voyages : quelques minutes de causette obligatoire, dépliants sortis au moment opportuns, puis photos,… imparable. Nous voici donc partis sur une petite piste non goudronnée, à l’assaut de la plus importante exploitation viticole du pays. Le chemin est entouré de hauts murs de béton, derrière lesquels s’étendent les vignes : les vignes sont bien mieux gardées que les maisons !
La bodega Tacama est une énorme exploitation industrielle, dirigée par un jeune oenologue français de 25 ans, qui exporte ses bouteilles dans plusieurs pays, dont notamment la France. Ici, les fûts en bois ne servent que de décoration : toute la production est réalisée dans d’énormes cuves en béton. La visite se poursuit par une dégustation de quelques unes des productions : 2 blancs, 2 rouges, un rosé et un pisco ; globalement sucrés, certains révèlent même une surprenante odeur de mer.
Puis nous enchaînons avec une petite production artisanale, mais plus originale. Ici, tout est fait à l’ancienne, depuis le pressage, effectué à pieds lors d’une grande fête (avec Miss Pisco !), jusqu’à la mise en bouteille. La visite est instructive et agrémentée des expressions amusantes de notre guide “c’est clair comme du pisco ?”. S’ensuit une dégustation de quelques unes de leur productions assez originales : du “champion des champions”, le pisco élu meilleur de l’année, à une petite crème de pisco douce et fruitée inédite, en passant à une préparation pour Pisco Sour, avec le citron et le sucre déjà mélangé.
Histoire d’éponger tout cela, le déjeuner ne se fait pas prier, dans un restaurant à touristes judicieusement placé à coté de la dégustation / vente. Nous avons alors tout juste le temps de rentrer à Huacachina et de monter sur les dunes voir le coucher de soleil, rendu en fait assez quelconque par les nombreuses dunes.
Sam. 03/09/2005 : Trajet – de Huacachina à Nazca
Deux heures et demi de bus nous attendent pour Nazca. Sur les conseils du taxi, nous optons pour les bus de la Cuena qui a des départs toutes les 30 minutes, afin d’éviter les attentes à la Cruz del Sur. Effectivement, à peine descendus du taxi, nous voilà happés par un bus en partance. Manque de chance, le bus est plein, et nous devons rester plus d’une heure debout sans voir le paysage, avec comme seule distraction un film de combat chinois particulièrement inintéressant. Enfin quelques places se libèrent.
Peu avant Nazca, le bus s’arrête et se remplit de vendeurs de sandwiches, musiciens et guides. Un des guides nous agrippe et nous propose un hôtel, qui est en fait celui que nous avions repéré dans les guides, ou presque. L’arrivée à Nazca se fait au milieu d’une foule presque inquiétante. Après avoir récupéré prestement nos bagages dans le tas (on ne s’étonne plus que quelques bagages puissent parfois disparaître), nous suivons le guide qui nous mène à pied à l’annexe de l’hôtel Estrella del Sur. Celui-ci est tout neuf, et semble parfait pour seulement 25 S la chambre double. La nuit nous apprendra qu’en fait, l’hôtel est bruyant, entre la rue, la télévision des voisins, et les sirènes d’alarmes. A quatre heures, nous faisons connaissance dans un petit boui-boui avec le terme “menu” qui ne désigne pas “la carte” comme nous le croyions, mais le menu du jour. Nous avalons donc un repas complet au lieu du petit encas initialement prévu…
Ayant prévu d’aller voir les lignes de Nazca le lendemain, nous suivons une fois de plus les judicieux conseils des guides, incitant fortement à participer auparavant à une “lecture des lignes”. Nous allons donc dans l’hôtel longuement fréquenté par Maria Reiche, qui a construit en son souvenir un planétarium qui sert de lieu à une heure d’explications des lignes. Des rites religieux Incas aux extra-terrestres, les hypothèses les plus en vogue sont décortiquées avec le superbe support visuel que constitue le planétarium sur lequel sont projetées les lignes. Enfin, la session se termine par une petite séance d’observation des étoiles visibles dans l’hémisphère sud. Le ciel dégagé de Nazca permet en effet de contempler les étoiles et planètes visibles, même si la quatrième étoile de la Croix du Sud ne sera pas visible à cause de la pollution.
Dim. 04/09/2005 : Nazca – Lignes de Nazca
Départ à 8h pour l’aéroport. Enfin initialement, car manifestement il fallait entendre 8h à l’heure péruvienne, soit avec au moins une demi-heure de retard. Puis nous attendons à l’aéroport encore une bonne heure avant d’embarquer. Nous sommes répartis dans différents petits coucous de cinq places, et aussi bizarrement que cela puisse paraître, le décollage se passe merveilleusement bien.
Une fois arrivés au dessus des lignes de Nazca, nous survolons les différents motifs une fois par la gauche puis une autre fois par la droite. C’est très impressionnant, autant le vol que les lignes. Et même si finalement, les motifs réels ressortent moins que sur les cartes postales, cela n’en reste pas moins une expérience inoubliable. A noter que le conseil de ne pas prendre de petit déjeuner n’est pas inutile…
Pour l’après-midi, nos guides ont également réussi à nous vendre une visite du cimetière de Chauchilla. Ce cimetière regroupe quantité de tombes en plein désert. Seules certaines ont été ouvertes pour le tourisme, mais chacun des creux dans le sable signifiant la présence d’une tombe, le nombre de tombes encore enfouies est astronomique. Notre guide explique et mime les différentes positions et significations de chacune des tombes ouvertes et abritées du soleil par quelques toits de bois, autant pour protéger les momies du vent, du sable et du soleil que pour éviter les syncopes des touristes au milieu des explications. S’ensuivent deux visites de musées principalement destinées à gonfler artificiellement l’importance de l’excursion : une démonstration des procédés d’extraction de l’or et de poterie.
Il est alors temps de partir en bus de nuit pour Arequipa avec la luxueuse compagnie locale Cial. Si le car est tout confort, il est quand même plus facile et agréable de dormir dans un lit…
Lun. 05/09/2005 : Arequipa – Visite de la ville
Pour la première fois, nous nous rangeons à l’avis de notre taxi en ce qui concerne l’hôtel, car celui que nous avions repéré était complet : le conducteur a même négocié directement avec le propriétaire pour nous obtenir une substantielle réduction ! Nous profitons d’avoir déjà les chambres pour récupérer un peu de notre courte nuit en bus avant d’aller à l’assaut de la ville.
La ville d’Arequipa est infiniment plus agréable que les précédentes. Bien que bruyante et polluée, elle aligne petites rues coquettes dans une ambiance animée. Curiosité sur la place d’armes : il s’y tient quasiment tout le temps des petites manifestations qui font le tour de la place d’armes en scandant leurs slogans. La place d’armes elle-même est très jolie. Nous entreprenons alors la visite de la cathédrale, surdécorée comme à l’habitude, puis celle d’un immense monastère. Ce monastère est organisé comme une ville dans la ville, avec quelques rues comportant les habitations des soeurs et leur servante. La visite offre entre autres, superbes tableaux, un panorama unique de la ville ; on regrettera seulement le caractère répétitif de certaines pièces et le manque global d’explications.
Pour nous reposer de cette longue visite, nous optons pour un petit verre dans un café donnant sur la place d’armes. Le garçon de café nous propose même de monter sur le toit pour contempler la montagne entre les deux clochers de la cathédrale et la place dans son ensemble !
Mar. 06/09/2005 : Arequipa – Canyon de Colca 1/2
Nous avions réservé la veille un voyage organisé de deux jours dans le Canyon de Colca. Ce canyon est, parait-il, le plus profond du monde (même si sa forme le rend en fait moins impressionnant que d’autres canyons moins hauts). Nous nous entassons à 14 dans un mini-bus avec chauffeur et guide. Après ce ramassage de près d’une heure, nous commençons l’ascension. D’abord sur une bonne route goudronnée puis très vite sur une piste de terre et de pierre à flanc de montagne. Le guide nous explique au fur et à mesure les paysages (enfin, essaie de nous expliquer, car il parle exclusivement espagnol) et nous initie à une petite dégustation de feuille de coca avant d’arriver au col le plus haut.
A plus de 4000 mètres, le mal de l’altitude se fait sentir et quelques personnes sont malades. L’effet le plus visible est l’essoufflement prématuré en cas d’effort. Comme à chaque sommet, de petits monticules de pierres symbolisent les voeux des personnes qui les ont faits. Le long du chemin, nous pouvons admirer vigognes, lamas et alpacas. Les trois espèces sont assez proches et chacune de nos tentatives de les reconnaître s’est soldée par un échec systématique. En gros, le lama est le plus grand et le plus sociable, et la vigogne est le plus petit, et protégé car en voie d’extinction.
Puis nous arrivons dans la petite ville de Chivay (3 000 m), qui nous servira de ville-étape. L’après-midi, nous allons barboter dans les eaux chaudes et sulfureuses non loin de là. L’eau est effectivement très chaude, fatigante à la longue, et la source sent très nettement le soufre ! Nous contemplons le coucher de soleil sur les montagnes bien au chaud dans l’eau, avant de s’en extraire dans le froid de l’altitude pour aller dîner dans un restaurant animé par un groupe folklorique associant musique andine traditionnelle et démonstration de danses.
Mer. 07/09/2005 : Arequipa – Canyon de Colca 2/2
Lever tôt ce matin pour aller admirer le vol de condors à Cruz del Condor : en effet, les condors réalisant leur spectacle seulement entre 8h30 et 9h30, et il ne faut pas moins de deux heures de bus pour monter au point de vue. Une demi-douzaine de condors se laisse admirer dans leur majestueux vol dans le canyon passant parfois très près. Au delà des condors, le paysage est remarquable, et l’attente des condors nous laisse le temps d’en savourer chaque détail. Un colibri viendra même tremper le bout de son bec dans une fleur sous nos yeux ébahis !
Le dernier condor parti, nous redescendons en bus, en nous arrêtant régulièrement aux différents points de vue sur le chemin. A chaque arrêt, une demi-douzaine de péruviennes attend le touriste avec leur balluchon comportant les éternels bonnets, écharpes, gants, poupées et autres articles à touristes. Nous visitons également une des nombreuses églises abîmées par les tremblements de terre et en cours de restauration grâce à des capitaux espagnols.
Sur ces derniers paysages, nous entamons le long retour pour Arequipa d’une seule traite, défiant les reliefs ingrats du chemin. Nous doublons en route des paysans descendant avec leurs bêtes chargées et leur soc de bois sur l’épaule. Arrivés à Arequipa, nous avons tout juste le temps de prendre nos billets d’avion pour Cuzco pour le lendemain.
Jeu. 08/09/2005 : Trajet – de Arequipa à Cuzco
Motivés, nous nous levons tôt pour visiter un des musées les plus célèbres d’Arequipa, celui qui abrite la momie congelée Juanita. Le guide est obligatoire, et nous tombons sur un sympathique étudiant qui parlait français. La visite est très intéressante grâce aux multiples explications de notre guide, et débouche sur la salle abritant Juanita, heureusement visible (elle ne l’est que huit mois par an, et se repose les quatre autres à l’écart de toute lumière).
Puis un taxi nous emmène à l’aéroport d’Arequipa. Malgré le prix important des billets, la taxe n’est pas incluse et il faut s’acquitter du fameux timbre avant d’embarquer (comme dans certains terminaux terrestres de bus, mais en plus cher). Le vol se passe sans problème si on occulte un détail surprenant : l’avion fait mine d’atterrir à Cuzco, puis remet les gaz pour faire un tour d’une vingtaine de minutes avant d’atterrir définitivement… L’aéroport de Cuzco est très moderne et nous réservons l’hôtel directement depuis le comptoir prévu à cet effet.
Notre choix d’hôtel fait rire jaune le chauffeur de taxi, qui s’imagine mal dans les rues étroites et pentues qui mènent à l’hôtel. Finalement il ne s’imaginera pas longtemps et nous déposera à la place d’arme pour que nous grimpions à l’hôtel à pied. Les rues sont effectivement très étroites et pentues, et les 3 400 mètres d’altitude se font bien sentir. Enfin arrivés à l’hôtel, essoufflés, la vue imprenable sur la ville nous fera instantanément tout oublier.
Nous visitons alors la superbe cathédrale avec ses trois chapelles, certainement la plus somptueuse que nous ayons vue, mais dans laquelle les photos sont malheureusement interdites, comme dans les autres magnifiques monuments de Cuzco. Dîner au Witches Garden, une sympathique adresse aux recettes originales et délicieuses, tenue par une québécoise pour le moins loquace.
Ven. 09/09/2005 : Cuzco – Visite de la ville
Réveil en fanfare, dans le sens strict du terme : la compagnie Dos de Februro a en effet organisé un petit défilé pour promouvoir leur dernier disque.
En fait, cette journée sera notre seule réelle journée à Cuzco : tant à voir en une seule journée… Nous enchaînons alors musées et couvents, tout en profitant des petites rues et de l’ambiance de la ville. Le musée d’art religieux se révélera décevant car constitué principalement de tableaux. Le temple du soleil sera beaucoup plus convaincant : quelques ruines de murs incas ont en effet subsisté au milieu des constructions coloniales plus modernes, ce qui confère à l’ensemble un style surprenant et unique. On ne peut que regretter de ne pas voir le temple intact, mais les explications de la guide permettent déjà de mieux comprendre l’histoire, la signification et les caractères particuliers de ces pierres.
Sympathique dîner dans un restaurant dont la spécialité est le cochon d’inde rôti (à réserver avant). Le soir, la place d’armes se métamorphose et il est difficile d’y circuler sans se faire alpaguer par trois ou quatre rabatteurs pour tel restaurant, tel bar, à grand renfort de “Amigo …”, “Free beers”, cartes, … Parfois impressionnant, mais sans problèmes.
Sam. 10/09/2005 : Cuzco – Aguas Calientes
Lever aux aurores pour aller prendre le train pour Aguas Calientes, petite bourgade pour aller au célèbre Machu Picchu. Son nom provient des sources thermales en haut du village, mais le tourisme le délaisse progressivement au profit de Machu Picchu. Le qualificatif “Backpackers” de nos billets de train ne signifie nullement qu’ils ne sont pas chers, mais seulement qu’il existe des billets encore plus chers que les 58 $ aller-retour. Inutile de préciser que ce train est le passage obligé pour tous les touristes désirant se rendre au Machu Picchu ; les locaux s’en tireront à moins de 3 $, mais difficile de se faire passer pour un authentique péruvien…
Le petit village est organisé autour d’une rue bien pentue qui suit le cours de la rivière. Incontestablement le summum du touristique, la gare donne sur un énorme marché artisanal, et les rues ne sont constituées que de magasins, hôtels et restaurants, pour certains toujours en construction. Dernier détail dans ce microcosme où les prix n’ont aucune mesure avec ce qui se pratique ailleurs : si vous réservez l’hôtel par téléphone, faites-vous bien préciser si le prix donné est en dollars ou en soles ; certains hôtels profitent de l’ambiguïté laissée…
L’après-midi, les plus courageux d’entre nous entreprennent l’ascension du Putakusi qui, paraît-il, révèle une vue imprenable sur le Machu Picchu au terme d’une ascension corsée, avec des échelles de 20 mètres de haut, glissantes sous la fine bruine… Pour ma part, je flânais dans ce petit village qui n’avait rien à envier aux autres en ce qui concerne église et place d’armes.
Dîner bon et copieux pour le prix record de dix soles par personnes (+10% de service). Sans doute un gros discount parce que nous étions les premiers clients, et qu’un restaurant vide n’attire pas le client…
Dim. 11/09/2005 : Cuzco – Machu Picchu
Nouveau réveil aux aurores, pour espérer voir le lever de soleil sur le Machu Picchu et arriver avant les premiers bus. L’ascension n’est pas triviale, et pour ma part je délaisse les marches pour la pente plus douce de la route. Finalement, les premiers bus arrivent en même temps que nous et les nuages cachent le soleil…
La découverte du Machu Picchu est à couper le souffle : les ruines étagées se dévoilent tout d’un coup au tournant d’un chemin ! Nous profitons alors du peu de monde et des premiers rayons au travers des nuages pour admirer les pierres, circuler au milieu de ce dédale, emprunter ses petits escaliers, découvrir ses secrets,…
Après un petit bout de l’ascension du Huyana Picchu, autre montagne donnant un point de vue différent sur le Machu Picchu, je retourne dans la foule qui commence à affluer : l’essentiel des visiteurs enchaînant train et bus, ils n’arrivent qu’à partir de dix heures environ. C’est l’occasion de sortir un peu des sentiers battus, d’aller découvrir les lézards peureux se cachant dans les anciennes pierres, d’admirer le travail de ces énormes pierres parfaitement ajustées et d’imaginer ce qu’a pu être la vie de cette ville, et l’histoire de son arrêt brutal.
Le seul point noir de cette visite est l’absence totale d’explications écrites. Il nous faudra alors un bon livre pour décrypter les nombreuses photos volées à ce magnifique site. Autre désagrément non prévu : la présence en grand nombre de petits insectes piquants non identifiés, un peu comme des tiques. Difficile d’y échapper et nous voilà couverts de piqûres. Il est alors temps de redescendre à Aguas Calientes pour y prendre ce train, ou plutôt le mollusque qui se traînera jusqu’à Cuzco.
Lun. 12/09/2005 : Cuzco – Larving
Dernier jour tranquille à Cuzco, pour nous remettre de la fatigue des jours passés et des piqûres qui grattent. Nous profitons alors de la ville tranquillement, notamment en faisant un petit tour dans un des nombreux marchés d’art de la ville. Dans cet énorme hangar sont alignés une foultitude de petits stands proposant tous les produits touristiques imaginables : pulls en alpaca, bonnets péruviens, flûtes de pan, T-Shirts et autres babioles “typiques”. A noter que les seules personnes habillées en “péruviens” sont les groupes folkloriques et des touristes déguisés en péruviens. Sinon, uniforme jean – pull pour tout le monde. Au milieu de ce brouhaha de “Amigo” et autres discours, on a du mal à croire à la petite entreprise familiale qui confectionne amoureusement ses petits bonnets pour les vendre dans son petit stand ; on imagine plus une grosse industrie touristique bien rodée organisant son petit réseau de distributeurs locaux. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un magasin en rupture de stock “emprunte” l’article manquant au magasin voisin pour le vendre sous ses yeux…
Dernier dîner à Cuzco, dans un petit restaurant d’une rue déserte, pourtant censée être touristique. Nous serons d’ailleurs les seuls clients de la soirée de cette adresse à la décoration peu conventionnelle : dégoulinades de bougies sur les murs, tableaux originaux mettant en scène bizarrement un cochon et son cerveau,…
Mar. 13/09/2005 : Trajet – de Cuzco à Puno
Réveil au son des pioches détruisant une partie inoccupée de l’hôtel, sans doute pour reconstruire plus grand. Derniers adieux à Cuzco et ses ruelles pentues, et nous prenons le taxi pour la gare routière où nous attend le bus. Ce car est un service “normal”, mais l’agence nous a obtenu quatre places dans le compartiment du bas, au calme.
Départ à l’heure péruvienne, donc une bonne demi-heure en retard. Puis comme tous les services “normaux”, il y a l’arrêt juste à la sortie de la gare routière, pour que les locaux puissent monter dans le bus sans payer la taxe de la gare routière. Des arrêts similaires suivront encore dans toute la ville, un peu comme un ramassage scolaire. Au fil des arrêts, les soutes sont ouvertes, chargées, déchargées, on monte, on descend, on se bouscule, on cherche à caser son encombrant ballot de marchandise, on vend des épis de maïs grillés. Au milieu de cette agitation, notre compartiment est havre de paix. Nous traversons quelques villages pauvres, ayant remplacé le traditionnel petit taxi des villes par des vélos-taxis ou des toucs-toucs pour les mieux lotis.
Nous arrivons à Puño avec une bonne heure et demi de retard – ou plutôt, avec seulement une heure et demi de retard… – comme indiqué dans les guides et nié dans les agences. Contre toute attente et malgré l’agitation incontrôlable tout le long du voyage, nous retrouvons nos bagages. Nous avions quitté Cuzco sous la pluie, nous trouvons Puño sous la pluie… Nous trouvons un charmant hôtel possédant, comble du luxe, de l’eau chaude.
Mer. 14/09/2005 : Puno – Iles du Lac Titicaca 1/2 (Uros, Amantani)
Nous avions réservé depuis l’hôtel une excursion de deux jours sur les îles du mythique lac Titicaca (pour le prix dérisoire de 45 soles). Sur un bateau d’environ une vingtaine de personnes, le guide nous explique le programme : îles Uros, puis Amantani, où nous déjeunerons, visiterons et dormirons puis la touristique Taquile le lendemain. Le guide explique et répète alternativement en espagnol et en anglais ; cette répétition coupe d’ailleurs tous les effets des plaisanteries dont il ponctue son récit : la deuxième fois “Taquile, pas Tequila” est nettement moins surprenant.
Les îles Uros sont remarquables : amas de cinq mètres de joncs et de roseaux, ce sont des îles artificielles flottantes. Quelques huttes et maisons – en roseaux également – occupent les plus petites, et pour les plus grandes plusieurs dizaines de maisons en tôle ondulée – données par la secte adventiste du coin aux convertis. Tout est roseau : île, maisons, bancs, embarcations, décorations, et même alimentation (la “banane du lac” !). Ces îles ont bien compris le tourisme et l’attirail classique du parfait site touristique est déployé, à grands coups de vente d’objets typiques, d’options supplémentaires,… Sur l’autre île, nous aurons même le droit à une chorale d’enfants interprétant “Ohé matelots” !
Nous quittons ces originales îles pour aller sur Amantani, à trois heures de bateau. Nous abordons alors la partie la plus vaste du lac. Notre guide nous explique que Titicaca se prononce “Titi-rara” et signifie “Puma-Lièvre” en raison de sa forme : à l’envers on distingue nettement un lièvre, et avec un peu d’imagination, un puma. L’origine de ce lac étant tectonique, le lac est salé, et les deux îles Amantani et Taquile, d’origine volcanique. Au milieu, le lac donne l’impression d’une immense étendue d’eau paisible, entourée de montagnes dont les plus lointaines semblent flotter du fait de petits mirages.
A Amantani, un comité d’accueil de femmes de l’île nous attend ; ce sont les familles dans lesquelles nous serons répartis pour la nuit. En costume local, jupe noire ou rouge et grand châle noir brodé, notre hôte nous montre le chemin jusque chez elle. Cela fait déjà un bout de chemin dans les sentiers au milieu des champs, de terre ou de pierre. La maison est composée d’un groupe de trois habitations avec ou sans étages, aux portes basses et aux toilettes au fond du petit champ familial, dans une petite cahute comportant une cuvette avec un siphon et un gros broc d’eau en guise de chasse d’eau. Un panneau solaire charge quelques batteries pour alimenter le soir les ampoules à économie d’énergie. La maison possède même la télévision !
Au bout d’une bonne heure d’attente, nous déjeunons d’une soupe de légumes bien chaude et agréable par ce mauvais temps froid, d’un plat comportant différentes espèces de pomme de terre et un oeuf, puis un maté de menthe. Il y a environ une centaine de sortes de pommes de terre différentes sur l’île et plus de trois cents au Pérou, des pommes de terre douces à d’autres espèces plus petites et bien denses. La pluie semble compromettre alors la visite de l’après-midi.
Cependant, l’après-midi arrive avec une petite accalmie et nous pouvons partir à la visite des ruines. L’île est composée de deux sommets d’une centaine de mètres avec un petit temple en haut de chacun d’eux : l’un pour Pacha Mama, l’autre pour Pacha Tata / Papa. Ces temples ne sont ouverts que lors de la fête annuelle mais nous pouvons avoir un beau panorama sur le lac, l’île et ses huit communautés. Dommage que tout cela soit terni par les nuages. Impossible alors de contempler le coucher de soleil sur le lac. Après une rapide explication sur les coutumes et activités agricoles de pêche et d’artisanat, nous redescendons sur la place via les sentiers de pierres mouillées et glissantes. S’y déroule un match de foot péruviens contre touristes. Inutile de préciser qu’à quatre mille mètres d’altitude, les touristes n’en mènent pas large : il est d’ailleurs tout à fait déprimant de se faire dépasser dans une essoufflante montée par un enfant péruvien courant et jouant de la flûte dans l’espoir de quelques pièces.
Sentant la pluie venir, nous repartons pour la maison. Les premières gouttes ne tarderont d’ailleurs pas et l’averse durera jusqu’à la nuit. Il n’en faut pas plus pour nous démotiver d’aller à la petite fête organisée par un groupe folklorique ; la famille ne nous y pousse d’ailleurs pas, aussi peu enthousiaste que nous des vingt minutes de marche sous la pluie. Nous dînons de la traditionnelle soupe de légume, d’un plat de riz, pâtes et pommes de terre.
Quelques parties de belote à l’abri de la pluie auront raison du reste de la soirée, et il ne nous reste plus qu’à nous emmitoufler sous les couvertures pour échapper au froid.
Jeu. 15/09/2005 : Puno – Iles du Lac Titicaca 2/2 (Taquile)
Petit déjeuner rapide, mais copieux, d’un pancake de confiture et d’un maté de menthe, nous redescendons au pont pour embarquer pour Taquile. Le bateau se montre capricieux, et chaque démarrage est une aventure pour le capitaine, qui doit modifier les différents réglages moteurs au tournevis, amorcer à la bouche la pompe à essence, rajouter du carburant,… Enfin il flotte, et il avance !
L’île de Taquile est sensiblement différente d’Amantani tout en lui étant semblable : d’origine volcanique également, légèrement plus petite, habitée par une population aux coutumes comparables, elle est cependant beaucoup plus touristique avec plus de quarante bateaux dans une seule journée, plus moderne avec des routes et maisons en béton, des restaurants,… Même si la culture est comparable, le guide nous explique quelques différences de coutumes, comme la signification des bonnets et positions pour les hommes ou des pompons sur les jupes des femmes pour afficher leur situation matrimoniale : haut du bonnet rouge et blanc pour un homme marié, blanc pour un homme célibataire, tourné en arrière s’il a une petite amie, à droite si c’est en cours, ou à gauche sinon ; pour les femmes, un pompon large et coloré signifiera qu’elle est célibataire et petit et plus terne pour une femme mariée. Au delà des habits, les rites sont surprenants : une invitation se fait par l’homme en lançant un petit cailloux à la femme qu’il aura choisie ; si celle-ci souhaite répondre favorablement, il lui suffit de le ramasser. Si leur relation prend le bon chemin, ils pourront vivre ensemble pendant une période probatoire de deux ans avant de se marier pour la vie et avoir des enfants.
Il est alors temps d’affronter les trois heures de bateau pour rentrer à Puño. Nous passons nos derniers instants au Pérou par un peu de shopping pour épuiser nos soles, la découverte de l’extérieur de la cathédrale de Puño qui est à peu près la seule chose à voir à Puño.
Ven. 16/09/2005 : Trajet – de Puno à Copacabana
Le bus pour Copacabana nous transporte sans encombres jusqu’à la frontière en longeant de temps à autre le lac. La frontière Pérou – Bolivie est assez surprenante ; le chauffeur nous explique : descente du bus, change soles – bolivianos dans les petites maisons de change avant la frontière, passage de la frontière péruvienne, un petit bout à pied, passage de la frontière bolivienne et remontée dans le bus. Dans la théorie c’est pas mal, mais dans la pratique c’est un peu plus anarchique : un douanier péruvien vérifie les coupons de sortie ; s’il manque une mention, pas de problème il suffit de la rajouter ; si c’est tout le coupon qui manque, pas de problème, il suffit de payer la taxe de 5 dollars… Trois gardes péruviens tamponnent tout cela allègrement, et vous ressortez au milieu de la file d’attente, sans qu’on cherche plus que cela à distinguer ceux qui sont officiellement sortis du Pérou et ceux qui y sont encore. Une centaine de mètres et deux petites chaînes peu convaincantes plus loin, le bureau bolivien. Même cirque, en sens inverse. Classique : deux boliviens travaillent pendant que quatre se tournent les pouces ; le garde tamponne passeport et déclaration remplie dans le bus sans y prêter beaucoup d’attention. Il ne reste plus qu’à remonter dans le bus qui a également passé la frontière entre temps, et beaucoup plus rapidement semble-t-il.
A peine rentrés dans le bus, la taxe d’entrée à Copacabana nous est réclamée : 1 boliviano, c’est à dire quasiment rien, mais comme la somme est payable uniquement en bolivianos, cela oblige à utiliser les maisons de change des frontières aux taux scandaleux. On ne saura d’ailleurs pas si cette taxe est très normale ou non, bien que l’on nous ait donné un magnifique reçu numéroté. Enfin, nous quittons la frontière bolivienne et son accueil original : la première affiche est une affiche de bienvenue du Rotary Club, et la seconde, une affiche gouvernementale montrant divers contrebandiers et bandits de grands chemins avec la mention “Nous luttons contre eux”.
Comme d’habitude nous sommes démarchés dans le bus pour un hôtel à la politique tarifaire assez étrange : cinq dollars par personne, quelle que soit la chambre, qu’elle soit simple, double ou quadruple… Nous voici alors installés dans deux superbes chambres avec vue directe sur le lac ! Copacabana est la seule ville de Bolivie ayant une plage publique. L’après-midi, mon estomac rebelle me privera d’une excursion de 18 kilomètres à la pointe de l’île.
Au restaurant le soir, on sent tout de suite la différence avec le Pérou : ambiance beaucoup plus décontractée, prix identiques en valeur faciale… mais dans une monnaie de deux à trois fois plus faible, musique du groupe locale, nous font comprendre que plus qu’une centaine de mètre séparent en réalité le Pérou de la Bolivie.
Sam. 17/09/2005 : Copacabana – Isla del Sol
Après le petit déjeuner offert par l’hôtel, nous prenons des billets aller-retour pour l’Isla del Sol. En fait, nous découvrirons plus tard que ce n’est pas forcément une bonne idée de prendre l’aller-retour, car le retour nous serait alors imposé à 16h, au lieu de 17h30 pour d’autres compagnies. Le bac pour la partie nord de l’île part plein à craquer, en remettant à l’armée la liste des passagers. Le voyage aller n’est pas spécialement agréable : le fort vent provoque d’importantes vagues chahutant le bateau, et un groupe d’une dizaine de touristes hollandais braillent tout le long du trajet.
Arrivés sur la côte nord, nous nous munissons du précieux sésame qui ouvre les portes de tout ce qu’il y a à faire ou ne pas faire sur l’île, et nous attaquons par le musée. Enfin il faut le dire vite, il fait sans doute partie de la seconde catégorie : une simple petite pièce, dans laquelle se battent en duel quelques reliquats de l’époque pré-inca Tiwanaku : si le Lonely est convaincu, nous non.
Nous allons alors du coté des ruines incas, plus impressionnantes ; enfin après le Machu Picchu, ce ne sont que quelques pierres maladroitement dispersées ! Le rocher sacré et les pas du soleil photographiés, il est alors temps de rallier le sud de l’île par un petit chemin de huit kilomètres. L’île est composée de plusieurs petites montagnes, mais le chemin aménagé réussit à rester à niveau, ce qui rend le chemin agréable. Les paysages et le temps sont magnifiques.
Après quelques contrôles de tickets en plein milieu de l’île dont on peut se demander l’utilité, et quelques barrages de filles en habit local destinés à vendre leur droit à l’image sur des photos, nous rallions le sud de l’île. Nous avons juste le temps de prendre un rapide déjeuner au menu unique local avant de reprendre le bateau. Après quelques tentatives de vendre quelques extras, le capitaine se fait une raison et met le cap sur Copacabana.
Nous avons alors encore le temps d’aller flâner un peu du coté de la cathédrale, qui a la particularité de servir de lieu pour baptiser les voitures ! La ville est surprenante, en plein développement. Enfin, nous assistons à un superbe coucher de soleil sur le lac.
Dim. 18/09/2005 : Trajet – de Copacabana à Uyuni
Nous avions sacrifiés quelques jours prévus à Cuzco pour pouvoir aller voir un salar dans le sud de la Bolivie. Mais le tout n’est pas de le dire, il faut aussi y aller. Nous rallions donc l’énorme gare routière de La Paz dans un minibus, puis nous prenons un autre bus direct pour Uyuni.
Franchement, nous n’avons jamais vu un bus aussi pourri. Prendre pourri au sens propre du mot en ce qui concerne certains sièges… Mais bon, il roule correctement, et le relief chaotique des routes boliviennes ne se fait pas trop sentir pendant la nuit.
Lun. 19/09/2005 : Uyuni – Salar & Sud Lipez 1/3
Nous arrivons alors le lendemain matin à 6h à Uyuni, petite ville servant de départ à de nombreux tours en 4×4 dans le Salar de Uyuni et la région du Sud Lipez. Endormis, engourdis et frigorifiés, un 4×4 nous attend à la descente du bus : ils partent pour une expédition de trois jours à 11h et il leur reste exactement quatre places pour rentabiliser les 6 places disponibles. Notre emploi du temps nous permettait initialement seulement deux jours d’excursion, mais cette heureuse rencontre matinale permettait alors de partir pour trois jours. La différence était plus importante que nous l’imaginions : en deux jours, les excursions ne vont qu’au Salar ; en trois jours, c’est un jour au Salar et deux jours au pas de course dans les superbes paysages du Sud Lipez.
Une douche et un petit déjeuner plus tard, nous faisons connaissance de notre sympathique chauffeur, de sa femme, fine cuisinière dont nous dégusterons les copieux plats tout au long du trajets, et du couple suisse à l’origine de cette expédition. Le 4×4 est chargé de toutes les provisions nécessaires pour trois jours, en nourriture, eau et couvertures. Il ne reste plus qu’à monter !
Première halte dans le cimetière de trains proche de la ville : toutes les vieilles locomotives vapeurs boliviennes remplacées ont été stockées dans cet endroit où elles rouillent gaiement, sous les coups de craie moqueurs de quelques plaisantins.
Puis direction le Salar. Nous faisons une petite halte au bord du Salar dans une petite ville dont l’économie lui est dédiée : pour l’exploitation du sel bien sûr, mais également pour le tourisme qui en découle. Nous découvrons alors l’artisanat local qui s’est établi autour du sel, avec de charmantes petites sculptures de sel ! Il y a même un musée dédié au Salar et à cet artisanat de sel, complètement construit en briques de sel !
Enfin, nous reprenons le 4×4 pour les premiers tours de roues sur le Salar. Que c’est beau ! Du sel à perte de vue, comme une immense mer blanche. Notre guide nous explique sa formation, par évaporation de l’eau de mer montée à 4 000 mètres par le jeu de la tectonique des plaques, et les grands principes de la récolte du sel : on fait des petits monticules de sel pour lui permettre de sécher un peu, puis on le ramasse en camion. A certains endroits, quelques sources d’oxygène rougissent le sel et anime un doux clapotis d’eau. Nous visitons également un ancien hôtel construit seulement avec du sel, qui a été fermé parce qu’il ne possédait pas l’eau courante !
Nous mettons alors le cap sur une des montagnes au bord du Salar qui abrite des momies congelées d’avoir voulu se cacher du soleil, dit la légende. Après avoir déjeuné, visité de la montagne et dispensé quelques amabilités aux lamas du coin, nous reprenons le 4×4 pour l’Isla del Pescado, une petite île perdue au milieu du Salar. Le nom de cette île est dû à sa forme, qui parait-il, a la forme d’un poisson lorsqu’elle se reflète dans le Salar sous un angle de vue bien particulier ; on pourrait également l’appeler l’île aux cactus, étant donné le nombre de ces plantes !
Il est alors temps de quitter le Salar pour aller passer la nuit dans un hôtel non loin de là. Notre guide nous explique le programme du lendemain, nous gronde de n’avoir plus de questions, ni plus de temps. On sent que c’est un passionné de sa région : ayant appris le métier en tant que cuisinier au coté d’un autre guide, aucune légende ne lui échappe, et il déplore de n’avoir que trois jours pour nous montrer le Sud Lipez, ce qui l’empêche de pouvoir nous montrer un certain nombre d’autres merveilles, faute de temps. Entre temps, sa femme nous mitonne un bon dîner.
Mar. 20/09/2005 : Uyuni – Salar & Sud Lipez 2/3
Pour commencer cette journée chargée, de superbes pancakes nous attendent pour petit déjeuner. Nous reprenons alors la route du désert. Un désert absolument plat, sans rien à l’horizon, que l’on n’imagine absolument pas à 4 000 mètres d’altitude. C’est un désert, et pourtant chaque endroit est différent, par sa faible végétation, par la forme de ses cailloux, par les motifs que ceux-ci dessinent,… Enfin, nous arrivons à proximité du volcan encore en activité. Enfin par “proximité”, entendre une distance de sécurité de plus de 50 kilomètres. Seule signe de l’activité du volcan, une petite fumée se dégage du haut du volcan. Nous croisons ensuite une voie ferrée conduisant directement au Chili, dont nous pouvons apercevoir au loin une montagne.
Puis nous abordons notre première lagune à flamants roses. En bons touristes, nous passons une bonne demie heure à photographier ces peureux volatiles sous toutes les coutures, sous l’oeil amusé du guide. Celui-ci nous promet encore plus de flamants sur la prochaine lagune. De loin, nous sommes sceptiques, aucun flamant sur les bordure de cette lagune blanchâtre. Les parties blanches de la lagune sont constituées de borax, ou borate de sodium. Le borax sert dans le processus de création de l’acide sulfurique dont une bonne partie de la production mondiale est réalisée ici. Nous croiserons d’ailleurs de nombreux camions d’acide sur les petites routes, aux faux airs de “Salaire de la peur”. Puis en s’approchant du lac, les innombrables petits points roses du bord du lac se révèlent être autant de flamants roses. Nous déjeunons sur le bord du lac, pendant que notre chauffeur change un pneu. L’état des 4×4 et les compétences mécaniques du conducteur de ces expéditions sont capitales : il ne s’agit pas de tomber en panne, même si environ cinq 4×4 de touristes se suivent et peuvent se porter mutuellement secours.
Nous continuons notre progression dans le désert. Les lagunes se suivent et ne se ressemblent pas : couleur, faune, emplacement, et noms, pas toujours évocateurs. Pour preuve, la Laguna Blanca qui n’est pas blanche… Au fur et à mesure que nous gagnons en altitude, le peu de degrés restant laisse place à la neige. Nous nous arrêtons à proximité d’une paroi rocheuse qui cache de nombreux viscachas, sorte de petit lapin à la longue queue enroulée. D’habitude extrêmement peureux, ils sont ici attirés par quelques graines de légumes apportées par les touristes, ce qui permet de les approcher à portée d’appareil photo. Quelques dizaines de minutes plus tard, c’est une série de rochers volcaniques formés sous la mer qui s’offre à nous, avec des formes diverses et variées façonnées par l’érosion.
Enfin, dernière lagune de la journée, la Laguna Colorada. Magnifique ! C’est un grand étang d’une eau rougeâtre, assez inattendue. La couleur de l’eau n’est pas due à un carnage des lamas ou flamants roses du lac, mais à des micro-organismes contenus dans l’eau et réagissant au soleil, donnant au site une couleur unique qui se marie à merveille avec le jaune des bords du lac, le blanc-gris des montages et le bleu du ciel. Sans aucun doute le plus bel endroit que nous ayons vu jusqu’à présent.
Il est alors temps de rejoindre l’hôtel avant la nuit. L’hôtel ne paie vraiment pas de mine. Ici, pas question d’eau courante, ni de chauffage. Pourtant, avec -10°C la nuit, nous n’aurions pas pesté contre un peu de chauffage… Toutes les armes sont déployées contre le froid : cinq épaisseurs de couvertures d’alpaca, écharpe et bonnet, mais la nuit sera froide.
Mer. 21/09/2005 : Uyuni – Salar & Sud Lipez 3/3
Réveil plutôt frisquet… Inutile de préciser que cet hôtel du bout du monde qui n’a ni eau courante ni électricité ne possède pas non plus d’eau chaude pour se doucher. Un copieux petit déjeuner est alors la meilleure façon de se réchauffer avant de repartir. Notre premier arrêt sera pour admirer les Geysers Sol de Manana. Autre preuve de l’activité volcanique de l’altiplano bolivien, nous n’avons cependant pas vu ces geysers au mieux de leur forme. Ayant dans l’idée des projections d’eau montant à quelques mètres de hauteur, nous n’avons vu en fait que quelques clapotis boueux. Heureusement, car ces petits clapotis flirtent avec quelques centaines de degrés ; quelques accidents ont d’ailleurs incité à percer un puits pour faire diminuer la pression. Si la vigueur des geysers ne surprend pas, l’important nuage de fumée soufrée et le bruit des mouvements de la terre donnent une dimension exceptionnelle au site et une nette impression de marcher sur la planète Mars !
La visite traditionnelle comporte ensuite un petit bain dans une source chaude non loin de là. Notre guide nous conseille vivement de faire l’économie de cet arrêt, afin qu’il puisse nous montrer un autre site, non prévu, plus intéressant et chargé en passé et légendes. En passant à coté, nous ne regrettons pas le moins du monde : il s’agit d’un petit coin d’eau guère plus grand qu’une baignoire, autour duquel deux voitures de touristes s’affairent pour faire trempette tour à tour, et trouver le courage pour ressortir malgré le froid ambiant.
Prochaine étape, la Laguna Verde, à l’extrême pointe de la Bolivie, a comme caractéristique visible l’absence totale de vie animale, et une étonnante couleur verte. Ces deux spécificités sont tout simplement dues à une concentration importante d’arsenic dans l’eau de la lagune. Pas étonnant que l’on ne voie aucun long cou de flamant rose ou de lama ! Le vert turquoise de l’arsenic, le bleu profond du ciel, le blanc de la neige des cimes sur le fond gris clair des montagnes et roches, autant de couleurs superbes pour ce paysage paisible qui ont inspiré plus d’un artiste, d’innombrables photographes et également des chanteurs en quête d’un lieu original pour tourner leur clip.
Il est alors temps de reprendre le chemin du nord ; derniers adieux au coup de coeur du voyage, la
Laguna Colorada, et nous fonçons vers notre cadeau bonus : un petit couloir de rochers au milieu de nulle part, chargé de multiples légendes que notre guide se fait un plaisir de nous conter. Vivaient à l’époque pré-inca deux tribus ennemies, les fabricants de céramique et les trafiquants d’or, à quelques centaines de mètres d’écart, dans de minuscules petites cahutes en pierres. La convoitise n’étant pas une exclusivité moderne, les deux tribus étaient régulièrement en guerre, sur un terrain mitoyen qui a conservé fortifications et tas de petits cailloux destinés à l’utilisation de lance-pierres. Au delà des légendes, de nombreux rochers ont des formes évocatrices. Si certaines sont assez reconnaissables, comme le cavalier sur sa monture ci-contre, ou encore un rhinocéros et un dromadaire, d’autres nécessitent de réelles capacités d’imagination. Au sortir de ce site, se trouvent également quelques peintures murales, assez rares, même si elles ne brillent pas par leurs beauté et richesse.
Fin du rêve. Il nous faut maintenant subir les nombreuses heures de 4×4 pour remonter à Uyuni, sur les routes non goudronnées du sud de la Bolivie. S’il est évident que d’importants efforts de terrassement ont été fait pour la création d’axes routiers importants, ceux-ci sont ruinés par l’absence d’un revêtement. D’innombrables nids de poule se forment alors, rendant chaotique le trajet. La route traverse un désert plat, monotone et rocailleux. Etrangement, le long de la route on peut apercevoir quelques constructions achevées ou non, peut-être même habitées ? Enfin nous arrivons à Uyuni, et il est temps de dire adieu à nos extraordinaires guides. Si les livres racontent que les agences de voyage établies proposent des chauffeurs peu aimables et une nourriture spartiate et peu abondante, nous sommes visiblement tombés sur des perles rares ! L’agence elle-même est moins douée, car elle nous a acheté des billets de bus pour remonter à La Paz pour la veille ! Ayant alors raté l’autre bus, nous devons alors passer la nuit sur place.
Jeu. 22/09/2005 : Trajet – de Uyuni à La Paz
Uyuni est une toute petite ville, sans grand-chose à faire. Par chance, jeudi est jour de marché, ce qui nous permet de faire un peu de shopping en attendant notre bus. Le bus est un peu moins pourri qu’à l’aller, mais pas terrible non plus. Tout se passe à peu près normalement jusqu’à Oruro. Alors qu’en principe nous devions rester dans le même bus, il nous faut alors effectuer un changement de bus, dans le flou le plus total : nous sommes débarqués hors de la gare routière sans beaucoup d’instructions, un groupe se voit demander un supplément parce que leur bus prévu est finalement plein, nous devons payer une taxe, manifestement illégale pour rentrer dans la gare routière, un bus attend, mais le chauffeur a d’autres envies que celle d’ouvrir le bus pour nous permettre d’entrer… Enfin, nous montons et partons.
Nous ne seront pas au bout de nos surprises : profitant de l’obscurité le sac de Jean-Michel s’évaporera mystérieusement, et restera introuvable alors que personne n’était descendu… Si le voyage était allé crescendo de la triste Lima au superbe Sud Lipez, plus rien ne va plus depuis Uyuni, et le retour à la cruelle réalité est difficile. La Bolivie donne l’impression d’avoir une population à deux vitesses : les gentils, ceux qui nous ont toujours renseigné avec le sourire, et mis en garde contre les vols, et les méchants, dont manifestement un représentant était actif dans ce bus. Déjà à Cuzco j’avais été frappé par une traductrice péruvienne qui disait aimer son pays, mais en avoir honte à cause la violence et des vols omniprésents.
Ven. 23/09/2005 : La Paz – Opération ‘Sauvons JM’ !
Outre les divers précieux souvenirs, passeport et billets d’avion se sont également évanouis. Or l’avion est prévu pour le lendemain ! Première étape obligatoire, la déclaration de vol à la police touristique. Naturellement, pour pouvoir accomplir cette formalité, encore faut-il trouver le bureau de la police touristique ! Cette activité possède en effet des locaux dédiés et séparés de la police normale, qui semble tout ignorer de son emplacement, ainsi que les habitants à qui nous avons demandé. Au lieu de répondre simplement “je ne sais pas”, nous nous sommes fait balader dans toute la ville : “ils ont récemment déménagés, ils sont maintenant sur la place en haut de la rue…”. Finalement, l’adresse du Routard est la bonne, et nous trouvons ce petit bureau.
La déclaration est alors remplie avec une antique machine à écrire, histoire de parfaire la sensation de se trouver dans un mauvais polar. Au détail près que dans les films, on ne trouve pas à coté des machines à écrire des ordinateurs dont on se demande à quoi ils peuvent bien servir à part jouer au solitaire… Enfin, déclaration en poche, il nous reste alors deux niveaux à franchir dans ce mauvais jeu d’aventures : le passeport et les billets d’avions
L’ambassade de France se trouve à l’autre bout de la ville ; mais nous sommes vendredi, il est 10h30 et le bureau qui s’occupe des passeports ferme à midi… La seule solution compatible avec nos délais est alors l’établissement d’un passeport en urgence. Mais pour un passeport, il faut une photo ! Sans doute la plus compliquée des épreuves du niveau passeport : trouver une boutique faisant des photos, et en donner une à la préfecture avant la fermeture… Mais à midi cinq, nous ressortons avec le précieux passeport, fait main !
Après un déjeuner reconstituant, aux glaces d’une taille indécente, la prochaine épreuve s’appelle Air France. Obtenir un duplicata des billets se révèle en effet plus compliqué que prévu : la compagnie locale Taca, que nous prenons pour une partie du vol, ne peut rien faire. Air France, au téléphone, explique qu’il faut qu’ils puissent téléphoner en France pour avoir le droit, et comme nous sommes vendredi après-midi, qu’il faudra attendre au mieux lundi ; il n’y a pas de places disponibles avant un mois, mais il est cependant possible de racheter la place pour 1 500 $ !?! Un coup de fil à Opodo résout bien des tracas, et ils faxent une autorisation de réémission au bureau d’Air France. Il ne reste plus qu’à se précipiter d’aller chercher ces précieux duplicatas avant la fermeture. Paumés à l’autre bout de la ville, un taxi refusera même de nous y conduire, ne voulant pas s’aventurer dans le labyrinthe incompréhensible de ce quartier chic en construction. Une amende de quelques 60 dollars plus tard, les billets sont là, miracle !
Il nous reste alors quelques instants pour aller à la découverte des rues pentues et marchandes de La Paz. On y trouve même un marché aux sorcières, dans lequel se vendent entre autres des foetus de lamas, que l’on coule notamment dans les fondations des maisons. Des marchands proposent d’étranges planches de polystyrène dans la rue. En fait, ces planches serviront à faire office de coussin pour un match de volley international dans le stade à coté duquel nous étions. Il est alors temps de rentrer dans notre charmant hôtel au style colonial pour une dernière nuit en Bolivie.
Sam. 24/09/2005 : Avion – Retour en France
L’aéroport de La Paz a la caractéristique d’être le plus haut aéroport international au monde. Il est baptisé “4×4”, référence à ses 4 000 mètres d’altitudes et 4 000 mètres de piste. En effet, à cette altitude, l’air est environ deux fois moins dense, et l’avion doit alors prendre plus de vitesse pour avoir la portance suffisante à son décollage. Concrètement, nous avons juste l’impression de rouler plus longtemps qu’à l’accoutumée, ce qui n’est pas forcément rassurant lorsque l’on se rappelle que La Paz est entourée de montagnes.
Le retour se passe sans problème notable, et, fatigués par ces deux derniers jours, nous ne sommes pas si mécontents de retrouver le sol français, même s’il représente la fin de ce superbe voyage…
Volet pratique / civilisation
Budget
Le Pérou n’est ni spécialement cher, ni spécialement bon marché. Quelques repères :
- 1 Sol = 0.25 Euros = 0.33 Dollars
- Repas : 25 S en moyenne pour un repas correct, 50 S pour un bon repas.
- Hôtel : de 8 $ (25 Soles) en province à 20 $ pour un bon hôtel à Lima ; nous avions prévu une moyenne de 50 Soles qui s’est révélée réaliste.
- Taxi : 10 S pour un trajet moyen dans Lima, pour 4 personnes ; plus cher si l’on est beaucoup chargé. Les tarifs près des aéroports sont en principe réglementés, regarder le panneau pour vérifier.
- Vol au dessus des lignes de Nazca : environ 120 S par personne, plus 10 S de taxe d’aéroport
- Excursion à Colca : 60 Soles par personne tout compris pour deux jours
- Machu Picchu : 250 S de train, et 80 S d’entrée ; hôtels d’Aguas Calientes assez chers.
- Bus entre villes : selon destination et confort : entre 20 S et 60 S
- Internet : très variable, de l’ordre du Sol pour un quart d’heure
- Excursion sur les îles Uros : 25 S par pers.
La Bolivie est beaucoup plus pauvre, et beaucoup plus économique. Les prix sont en effet facilement divisés par deux ou trois au passage de la frontière (1 Bol = 0.10 Euros = 0.125 $). Quelques prix notables :
- Excursion de trois jours / 2 nuits dans le Salar et Sud Lipez, tout compris : 500 Bol par pers (62 $).
- Restaurant : entre 20 Bol et 50 bol par pers.
Transport
En ville, le moyen de transport le plus pratique est le taxi, surtout à plusieurs. Relativement peu cher, il permet de voyager rapidement et tranquillement. Il suffit simplement de tendre le bras et de négocier le prix de la course avant le départ. Pour les habitués, il existe de nombreuses lignes de petits combis locaux, très peu cher, mais il faut bien comprendre leur itinéraire braillé par la fenêtre, savoir où l’on doit descendre, et ne pas être claustrophobe dans ces petits bus bondés.
Entre les villes, un seul salut : le bus. Sauf dans quelques cas particuliers, pour lesquels il existe quelques lignes d’avions, dont la desserte peut varier de quelques vols par jour à un vol par semaine, il n’existe pas d’autre moyen. Les rares lignes de trains se révèlent chères, peu confortables et aussi lentes que leurs alternatives, et tombent peu à peu dans l’oubli. Le réseau de bus ne cesse de progresser, soutenu par un développement important des routes, et bénéficiant notamment de la panaméricaine. Il existe alors tout type de bus, du bus grand luxe hyper sécurisé où l’on est filmé et fouillé en montant au bus populaire qui ramasse et dépose ses voyageurs dans le plus grand désordre et avec un confort limité. Les aéroports possèdent des taxes très élevées, qui ne sont pas comprises dans les billets, même lorsque ceux-ci sont pris en France (ex : 25 $ pour un vol international en Bolivie), et les terminaux terrestres de bus ont copiés ce système, mais avec des prix plus modestes.
Langue
L’espagnol n’est pas une langue compliquée à comprendre. Mais cela ne signifie pas non plus que ce soit une langue facile ! Il est absolument indispensable d’avoir quelques bases d’espagnol, car l’anglais est assez peu parlé en dehors des guides touristiques. Certaines visites n’ont d’ailleurs d’explications qu’en espagnol.
Pour quelqu’un comme moi de complètement étranger à cette langue, le plus dur est d’arriver à découper les mots correctement. Ensuite, leur proximité avec le français permet de comprendre petit à petit. Mais attention, si comprendre arrive petit à petit grâce à la proximité avec le français, parler est une autre affaire ! Prévoir de toutes façons un guide de conversation. A noter quelques différences locales, sur certains mots, notamment sur les cartes, qui peuvent être déroutantes…
Correctifs de l’édition 2005/2006 du Routard Pérou-Bolivie
Voici quelques corrections d’erreurs / imprécisions / compléments du précieux et utile guide Pérou – Bolivie édition 2005-2006 :
- p109 : Lima / restaurant Rincon Chami ; fort de son succès ce bon restaurant a dû augmenter ses tarifs. Bref maintenant entre “Prix modérés” et “Prix moyens”
- p121 : Lima / Museo Oro del Peru : le musée est ouvert tous les jours et non seulement en semaine
- p122 : Lima / Museo de la Nacion : quand nous y sommes allés, le 4ième étage était complètement fermé pour d’important travaux
- p152 : Cuzco / Cathédrale : non inclus dans le Boleto touristico, comme tous les musées / églises du diocèse : un billet spécifique est en vente.
- p156 : Cuzco / Museo de Arte religioso : il est ouvert de 9h à 19h (globalement nous avons été déçus par le manque d’objets religieux autres que des peintures)
- p188 : Aguas Calientes : premier bus à 5h30 ; bref, monter à pied ne permet plus d’arriver seuls pour l’ouverture. D’ailleurs, penser à acheter les billets en bas, pour ne pas faire la queue et être les premiers à rentrer.
- p181 : Machu Picchu / attention à l’eau qui est absolument hors de prix (7 S pour 360ml). Le moins cher est au poste de garde du Huayan Picchu (5S pour 720ml). Emporter des stocks !
- p181 : Machu Picchu / le site est infesté de petites bestioles non identifiées qui piquent (sorte de petites mouches qui sucent le sang et laisse des marques rouge qui grattent comme des piqûres de moustiques). Aucune idée de la dangerosité, mais cela vaut peut-être le coup de prévenir que malgré l’altitude, il faut emporter son anti-insectes.
- p409 : Copacabana / notre bus a exigé que l’on paie une taxe d’entrée à Copacabana d’un Bol (en particulier pour forcer le change de Sols en Bolivianos à la frontière à des taux absolument indécents). Aucune idée de savoir si c’est légal ou non, mais changer le minimum pour payer la taxe seulement.
- p482 : Salar de Uyuni / nous avons fait un tour du Salar en 3j avec l’agence Reli Tours qui est excellente. Bon 4×4, et un couple chauffeur/cuisinière motivée et passionnée qui nous a fait un tour inoubliable. Sans aucun doute le clou de notre voyage. A noter qu’il faut prévoir plus de deux jours pour aller dans le Sud Lipez, et que notre guide nous conseillait 5j (nous avons raté beaucoup d’autres paysages). Se méfier des bus Uyuni / La Paz, dans lequel nous nous sommes fait voler un sac sur la galerie intérieure (attention le plus pénible est de refaire les billets d’avion !)
- p420 : La Paz / Air France a déménagé : San Miguel-Galena Futuro / Avenida Montenegro n°778 Casi Esquina Claudio Aliaga. Tel : 2 774 212. Attention ce n’est pas facile à trouver, en particulier à cause d’une rue en U, et beaucoup de taxis ne souhaitent pas y aller.
- p420 : La Paz / TACA a également déménagé, pour l’instant au même endroit qu’Aerosur, en attendant d’aller dans le même endroit qu’Air France.